Livre d'Ocitarhos
Préambule
Dans la culture des peuples, il est des choses les plus courantes comme la recherche scientifique ou purement philosophique. Dans le monde dans lequel nous vivons, il semble que ces deux grands sujets soient les seuls moyens de progresser dans la découverte d’une vie ou d’un univers meilleur.
Ceci dit, chaque race, ethnie, ne se donne pas les mêmes moyens d’y parvenir. Ainsi, notre peuple avant de s’y consacrer, fut belliqueux. La nécessité venait du fait que le monde au-dehors duquel vous vivez n’est certainement pas pacifique, et accepte encore moins de partager ses connaissances avec des étrangers, ou pire encore : les réservent à une élite au sein même de leur ethnie, créant de ce fait un accès au savoir peu égalitaire. Ce fut d’ailleurs la raison de leur défaite face à nos armées.
Mais n’anticipons pas. Commençons par le commencement.
Chapitre I -Une époque de mythes & légendes.
Au tout début nous étions comme tous les autres, simple peuple qui essayait de se faire une place sur ce monde vaste aux multiples ethnies toutes plus ou moins agressives. Avec le temps les choses ont avancé vers un développement de la technologie des plus rapide je dois dire. Mais les échanges intra-ethniques n’étaient pas encore ceux d’aujourd’hui. La guerre était le principal « mode d’échange ». Notre peuple dut s’y mettre. Grâce au génie architecte de notre peuple ainsi que les connaissances amassées nous pûmes rivaliser avec nos assaillants.
A cette époque, les conflits étaient courants et ravageaient le monde. Nous faisions partis de ceux qui attaquaient, oui, n’ayons pas peur de le dire. Mais c’est aussi à cette époque que les premiers héros, premières légendes naquirent.
Les siècles passèrent et le développement de notre civilisation continua inexorablement. Toujours en quête d’un plus grand savoir, nous parcourûmes le monde relevant les différentes faunes et flores, remplissant notre bibliothèque d’une connaissance quasiment infinie. Au cours de ces voyages, une ethnie nous parut digne d’attention. Qu’étaient-ils ? « Eldar » comme nos chers cousins ? Non aussi nobles mais plus jeunes. Leur habitats comme leurs environnements dans totalité étaient constitués d’Arbres, de feuilles, de grandes forêts en somme. « Elfayas » dans notre langue ? « Ami des Arbres » en langue commune ? Non le mot du « basique » était « Elfes ».Oui « Elfes », cela sonnait bien.
Au début nos échanges avec cette peuplade étaient divers et variés autant en armes, qu’en architecture et sculptures (d’ailleurs certains de nos bas-reliefs et statues viennent de cette époque). Mais avec le temps les choses ont évolué si je puis dire. En bien ou en mal, qui peut l'affirmer ?
La race des Elfes se scinda en une myriade de « sous-races » : Elfe Noir, Elfe des Bois, Haut-Elfe, Elfe des Glaces… Si certaines avaient gardé des relations cordiales, d’autres se haïssaient de manière plus qu’ostentatoire. Malgré cela nous continuâmes nos échanges avec les Elfes des bois, seule ethnie encore douée de bons sens. Les haut-elfes nous méprisaient, les Elfes Noirs livraient des batailles sanglantes contre nos armées, et les Elfes des Glaces nous ignoraient. Notre vision d’un monde unis sous une seule bannière s’étiolait. Avons-nous été trop idéalistes ? Même aujourd’hui cela est encore incertain.
Vers la fin de cette ère, si nos connaissances progressaient à la vitesse de la lumière, nous n’avions pas avancé en matière d’unification. Nous vivions une époque fantastique, avec des légendes et mythes à chaque recoin de ces terres mystiques, des batailles mémorables, des découvertes qui resteraient dans l’Histoire. Malgré cela nous avions un sentiment de défaite, de vide comme si quelque chose devait être accompli mais ne l’était pas.
Notre gouvernement, organisé sous forme de matriarcat, procéda à une suite de réformes dans certains domaines : la magie comme la science, l’armée comme la diplomatie…
Nous consacrâmes deux siècles complets de l’existence de notre race à ces travaux fondamentaux. Rien de bien mirobolant ne sortit lors du premier siècle, et même si nous devenions une civilisation très développée, le « déclic » se fit au commencement du second siècle.
Nos scientifiques mirent au point un feu spécial : « Océome Fïreuris ». C’est un feu composé d’un mélange de naphte et de salpêtres, tenant sur l’eau. Un prodige pour nos scientifiques. Certes, car cela nous permettrait enfin d’accéder au zones les plus reculées du Monde. Là où nous avions échoué, anéantis par les armées ennemies. De l’autre côté, nos architectes mettaient au point de véritables machines de guerre à flots, fleurons des technologies les plus avancées.
Deux ans plus tard, une épidémie toucha notre peuple, ravageant nos contrées et mettant en danger la survie de notre espèce. La démographie devient plus que douteuse et c’est là que se révéla un des mœurs de notre peuple : la quête de l’immortalité. Oui une peur de la mort certainement motivée par la crainte de perdre tout ce qui avait été acquis. C’est là que nos mages et nos scientifiques travaillèrent de concert sur un sujet qui avait été refoulé, débattu depuis des siècles : l’âme.
Alors que notre travail sur cette notion progressait certes lentement mais sûrement, un bouleversement politique se produisit. Des centaines d’empires envoyèrent des messagers afin de savoir si notre peuple ferait parti du plus grand rassemblement de tous les temps : Un Empire. Mais un Empire qui recouvrerait la moitié du monde. Un Empire qui mettrait fin à tous les conflits. Un Empire multiracial. Une proposition alléchante, oui ! Surtout parce que cela nous ouvrait les portes vers d’autres technologies, d’autres savoirs…
Nous acceptâmes. Ainsi nous fûmes rattachés au Conglomérat Impérial. Mais ce n’était qu’un nom pour désigner la taille. Le régime politique fut une République démocratique principalement incarnée par le conseil qui rassemblait les différents représentants des Empires.
C’est à partir de cet instant que beaucoup de choses changèrent. Au début, tout se passait bien, mais les querelles apparurent, et notre matriarche multiplia les machinations pour se faire élire à la tête du Conseil. Sous son mandat, la République devint une véritable puissance militaire. Forte d’une technologie avancée, d’une armée de mages et de troupes « ultra-entrainées » les conquêtes se multiplièrent.
Si d’un côté nous connûmes une progression titanesque de notre savoir, il semblait que notre espèce en soi, s’était fourvoyée et amorçait une longue descente aux Enfers...
Chapitre II- La quête de l'Immortalité
Je me dois de consacrer une partie complète de ce livre à ceci car cette notion est bien la source des réponses à nos question comme l’origine de notre disparition mais n’allons pas trop vite !Prenons le temps de débattre et de connaître le passé afin d’établir le futur.
C’est une des notions les plus complexes que le monde porte en son sein. Quelque chose que l’on fait miroiter aux hommes depuis des millénaires. Il faut aborder ce thème avec beaucoup de délicatesse car le temps et les civilisations en ont altéré le sens propre.
Les premiers sujets expérimentaux qui nous furent fournis après de longues recherches et batailles étaient les Tëmpres Nosferatus. Leur origine remonte à cette épidémie qui ravagea notre espèce aux abords du siècle des Lumières que nous avons connus.
Ils sont immortels. Cela ne fait aucun doute suite aux analyses de leur corps et sang. Leurs tissus se régénèrent et ce grâce à la tumeur qui habite leurs organes et modifie leur métabolisme. Seulement, ils doivent se nourrir de sang chaque jour où leur corps se désagrège dans les 48h qui suivent.
Devant cette conclusion de nos scientifiques, nous enchaînâmes notre second échec. Nous étions pensifs sans aucun doute. Nos mages passèrent des jours entiers à lire et relire les ouvrages contenus dans nos « citadelles de savoir ». Passant en revu les croyances, légendes des autres peuples autant que les nôtres, ils ne négligeaient aucune piste. Mais à chaque fois scientifique et mage se heurtaient à un mur. Quelque chose de déroutant quand on voyait tout les travaux effectués depuis ces derniers siècles. Nos recherches nous poussèrent du côté des mythes dédiés à la création du Monde. Là où créatures imaginaires et héros en passant par les Dieux, tenaient les rôles principaux.
Après trois ans de recherches intensives, nous mîmes la main sur un ouvrage rare aux reliures dorés et cachés profondément dans des ruines au sein d’une forêt. Sa conception était des plus magnifiques, et son écriture en lettre dorées, foncées et finement penchée. Un chef-d’œuvre sans aucun doute. Le corps d’expédition qui le trouva passa des heures à l’étudier.
Le livre contenait des trésors de savoirs. Il avait été caché comme s’il était autant bénéfique que maléfique. Environ deux chapitres complets étaient consacrés à l’Immortalité. Elle avait été étudiée sur la race des Elfes. Certains passages furent des révélations mais aussi des plus énigmatiques :
« L’Immortalité ne s’atteint pas par l’exaltation de soi mais par le don de soi » Une mise en garde aussi figurait en bas de page :
« L’Immortalité ne signifie pas l’invincibilité » Ce n’est seulement qu’après que nous comprîmes pourquoi ce livre fut enseveli loin des regards. La suite du bouquin concernait une piste liée au mythe du Cimetière perdu d’Ispérios. Mais tout ce qui suivait décrivait ce lieu comme l’enfer sur terre. Toutes personnes y étant allée n’était jamais revenue. Aucune explication apparente. Un mystère des plus intéressants.
Evidemment, de retour à la capital une expédition fut montée pour y aller. Nous ne les revîmes jamais. Cette piste fut condamnée elle aussi. Pourtant avec plusieurs autres, nous comprîmes bien trop tard que c’était la bonne piste … mais nous devions garder le silence par respect pour ce que contenait ce cimetière. Mais revenons à notre échec.
Les années passèrent, et aucune découverte significative ne vit le jour. Pendant ce temps, les guerres continuaient et l’Empire grandissait. Entre méditations, livres et débats les choses semblaient se prolonger sans pourtant faire immerger de nouvelles pistes.
Un échec complet ce serait ? Impossible, tout ce travail pour rien ? Nous devions percer ce secret afin d’assurer la pérennité de notre espèce. Mais bientôt la plus grande guerre de tout les temps éclata et nous emmena dans un conflit qui allait durer vingt ans.
Quand je pense que nous n’étions pas loin de la solution… cela me fait une étrange impression pourtant. Je ne suis pas du tout frustré. Plutôt serein, oui, de savoir que la mort sera éternelle en ce monde et fera barrière à tous ceux qui tenteront de l’éviter. Et puis il y a toujours cette faille oui, ce cimetière. Je suis persuadé que certains réussiront là où nous avons échoué… et qui sait ? Peut-être qu’un jour nous aurons une nouvelle chance.
Chapitre III – Le choc des Générations.
Il ne fait aucun doute quand j’aurais fini d’écrire ce livre nous ne serons plus de ce monde. J’ai le sentiment par contre que ce ne sera pas la fin pour autant. Quelque chose me dit que nous reviendrons sur ces terres qui ont vu notre naissance. Dans quel but ? Je ne peux point encore le dire.
Alors que je continue d’écrire cet ouvrage, la guerre s’est terminée et nous avons perdu. Toute la République. Elle est d’ailleurs morcelée au moment je poursuis ces lignes. La raison de notre échec je ne la connais pas. Je ne fis pas parti des grands de ce monde. Je n’ai pas de regrets au fond sur cela. Notre espèce n’était plus ce qu’elle fut. Certainement une pâle réplique de sa grandeur passée. Trop agressive, trop assoiffée de pouvoir et de domination. Au final bien loin de ce qu’elle avait aspiré à devenir.
J’ai encore un peu mal à la tête après ce choc de lumière au sommet de la Citadelle d’Argent mais bon mes compagnons se sont réveillés. La voie à suivre devra bientôt être prise. Tiens, j’ai encore mal au dos. Cette douleur n’est toujours pas partie. Et qu’est-ce que c’est que ça ? Une plume ? Les oiseaux ne devraient pas se battre. Pourtant cette plume est bizarre, blanche, soyeuse, vraiment remarquable. Je vais la mettre dans le livre pour ne pas l’oublier.
L’Océan s’étant aujourd’hui sur notre Royaume d’antan. Une vision étrange presque empreinte de nostalgie. D’ailleurs j’ai encore des gouttes de pluie sur le visage, non ce n’est pas de la pluie. Ce sont des larmes, oui, des larmes. Certainement ma dernière réaction face au temps qui défile. Les souvenirs ne sont pas altérés et ne périront sûrement pas avec nous.
Notre époque s’est achevée dans un fracas apocalyptique mettant fin à une épopée de mythes et de légendes, de gloire, d’Héroïsme. Des rumeurs montent nous disant que des croyances connues sous le nom de religions prennent le contrôle du Monde. Mais une autre nous semble plus importante. Il paraît qu’une cité aux murailles de cristal à la splendeur architecturale a vu le jour et ce au centre du Monde.
Avec mes compagnons nous prenons conscience que nous n’étions que les précurseurs de l’avenir et responsables du Monde que nous avons laissé aux générations futures. Oui, nous avons le sentiment que tout ne fait que commencer…