Les Montagnes du Phoenix

Qunhae ne comprenait décidemment pas ce roi. Il avait proposé d'agir sous la supervision de ses conseillers. Si il était un "espion de Soléandre", pour autant que ces paroles aient un sens, cela représentait une opportunité d'intoxiquer un peu la Cité Sainte. Le roi devait se douter que si le Gnome voulait vraiment des renseignements, il allait finir par envoyer ses propres agents sur le terrain. Ce serai plus long, mais il finirai par découvrir des choses que le roi aurait sas doute préféré maintenir cachées.

Le mensonge allait mal au Roi. Si il n'était pas tout empêtré dans ses machinations, il aurait réalisé que n'importe quel marchand montrait un aperçu de ce qu'il avait à offrir avant d'exiger un prix. Or, le roi avait exigé plusieurs fois d'être payé sans rien montrer. Il avait oublié une règle de base.

Qunhae pensait qu'en temps normal, Lënmoth était un bon négociateur, sans quoi la ville ne serai pas aussi prospère. Son oubli semblait prouver qu'il voulait cacher quelque chose.

Le Gnome lui répondit donc en gardant son ton d'une politesse parfaite :

"Votre majesté, l'individu que je recherche a réussi à passer les murs de la Cité Sainte. Il est à la tête d'une puissante armée. Et vous m'apprenez que ses complices ailés occupent une place forte proche de chez vous."

"Sire, vous m'avez parlé hier entre gens de royaumes marchands. Permettez que je vous parle de même aujourd'hui. Il est un temps pour négocier, et il est un temps pour accepter les cadeaux. Votre guerre se passe bien, mais il semble que nous combattions un ennemi commun. Et cet ennemi, croyez moi sur parole, est redoutable."

"Je vous propose, sans aucune gêne pour vous, de traquer votre ennemi. Je vous propose de le faire sous la supervision de vos hommes. Et en plus de ce cadeau, je vous promet que si nous trouvons l'ange sur votre territoire, je partagerai avec vous les renseignements que nous en tirerons, et j'obtiendrai de Soléandre qu'ils vous oublient à jamais."

"Je vous ai promis une récompense si vous m'aidiez à le trouver. Cette promesse est toujours vraie. Nommez votre souhait, et je commencerai dès maintenant à rechercher l'objet de vos désirs, qui sera à vous lorsque Gabriel sera à moi."

Qunhae regarda le Roi, son éternel sourire entendu aux lèvres. Il cherchai dans les yeux du roi si il devait commencer à préparer son départ. Pour Baq i Kawten. Ou peut-être pour Hirtélias, puisque les anges s'y trouvaient.

Le Roi toisa le gnome impétueux.
"Obtenir que Soléandre nous oublie? mais c'est déjà fait Sieur gnome. La Cité ne viens plus dans cette région depuis bien des lustres. C'est d'ailleurs l'origine de la chute de cet endroit.

Quant à l'Hirtélias vous n'aurez pas besoin de vous y rendre."

Le Roi se leva de son trône.

"Vous vous êtes invités ici. Je vous ai reçu avec les égards du aux ambassadeurs.Il semble que cela soit une erreur avec les marchands.

Ce que vous cherchez n'est pas loin. Les anges sont ici. Ils ont passé la frontière Ouest de Tyrius depuis des siècles."

Les gardes de la salle se firent nerveux. En haut sur les balcons, les archers jouaient avec leur arcs...

L'un des conseillers de Qunhae, un psychosyste reconnu comptait. Lors des deux entretiens, le roi avait fait dix sept références à Soléandre, et était celui qui en avait parlé le premier ce matin, alors que le commandeur, agent de la Cité n'en avait fait que treize. Le conseiller se demanda quel était le problème avec cette Cité qui était sensée "ne pas avoir d'influence ici". Les pays sans influence, on n'en parle pas.


Qunhae ne prêta pas attention aux gardes. Il était sûr de la puissance de Baq i Kawten, et il pensait que le roi ne se ferait pas un ennemi sans de bonnes raisons.

D'autant que ce roi lui était plutôt sympathique, même si il s'obstinait à mettre des bâtons dans les roues d'une mission somme toute banale. Il avait beaucoup à gagner dans cette affaire. La défaite d'un ennemi et un allié puissant, dans tous les cas, une grande compensation financière si par chance Gabriel était sur son territoire, ou s'il était d'une aide décisive dans sa capture ou son exécution.
Il n'avait rien à perdre non plus puisque Qunhae avait proposé d'agir sous l'autorité des hommes de Lenmöth.

Alors pourquoi s'obstinait-il ? Ses informateurs du comptoir lui avaient dit que Tyrius était l'ennemie des créatures ailées. Peut-être n'était-ce pas le cas ? Peut-être que le roi utilisait un stratagème tordu pour défendre des alliés ?

Quoiqu'il en soit, le Gnome avait assez perdu de temps. Ce roi le faisait tourner en rond.

Il s'inclina très bas,

"Votre majesté, il semble que vous ne désiriez pas autant que je le croyais la défaite de vos ennemis. Je vous remercie de votre temps et de votre parfaite hospitalité. Je trouverai un autre moyen de traquer cet ange."

"Je tiendrai ma promesse de partager avec vous les bénéfices de sa capture, et je vous assure que vous et les votres seront les bienvenus en Baq i Kawten."Le Gnome était sincère. Ce roi et ce peuple lui plaisaient beaucoup, et il regrettait que leurs intérêts divergent ainsi. Il se devait donc de laisser une ouverture pour des rapports dans le futur.

"Je vous souhaite de grands succès dans votre guerre, et je m'assurerai que les approvisionnements en vivre et en arme par mon comptoir ne cessent pas.

Que les dieux vous protègent !"

Le Roi se leva avec un sourire démoniaque.

"Oh non je ne crois pas mon cher Commandeur."

Des ailes grises presque teintées de noir apparurent dans le dos du Roi.Les mêmes ailes qu'avaient les anges originaires de l'attaque de Soléandre.

Le même phénomène se produisait au niveau des gardes.

"Je vous avais dit que cette région était tombée depuis un moment... Ah là là, cher Commandeur, vous auriez dû vous enfuir quand vous aviez du temps libre. Votre bon sens vous a mis en garde j'en suis sûr.
Mettez-les aux fers."

Les anges agrippèrent les gens de la suite de Quhnae. Quatre entourèrent le Commandeur et lui mirent de lourdes menottes de fer.

"Ce que je désirais c'était votre vie Sieur Gnome.Elle va me permettre d'obtenir un petit bonus."

Le Roi tendit un parchemin à un des gardes qui quitta la salle.


Place Marchande

La centaine de gardes dépêchée par le palais arriva sur la place marchande. Pendant qu'elle entourait le comptoir marchand de Baq I Kawten, un messager s'adressa au public.

"Par ordre de sa Majesté,
Tous baqiens trouvés sur le territoire de Tyrius est passible de la peine de mort. Leur comptoir sera fermé. Le Commandeur Qunhae est accusé de haute-trahison envers notre Monarque.

Il croupira en prison jusqu'à nouvel Ordre.
Par la volonté de sa Majesté"


On arracha les Baqiens de leur comptoir. Un chariot fut amené où on les entassa. Ils furent ramenés à la frontière sous bonne garde.

Le capitaine avança et remis le parchemin au Chef Marchand Baqien.

"Sa Majesté acceptera de libéré votre Commandeur que contre une rançon de quatre milliards de gvos."

Lorsque les ailes des Déchus apparurent, et que le roi ordonna son arrestation, Qunhae haussa un sourcil. Un rebondissement qu'il n'avait pas prévu. Décidément, ce roi l'intéressait beaucoup. Il devait être bien sûr de sa force pour l'arrêter de cette manière.

Qunhae avait lu éclaire de cupidité déformer ses traits lorsqu'il avait donné le parchemin. Le Gnome n'osa pas y croire. Une rançon ! Il n'aurai jamais pu prévoir cela. C'était décevant, mais encore une fois totalement inattendu.

Qunhae se laissa emmener docilement par les gardes. Il s'assura même que Tom ne fasse rien de stupide, pendant qu'il cherchait quel était l'intérêt du roi dans cette affaire. Il ne trouvait pas. Un réaction passionnée contre Soléandre aurai pu justifier cette arrestation, mais alors pourquoi avoir attendu ? Il était dans le flou le plus total, et cela le passionnait au plus haut point. Il allait pouvoir passer les prochains jours à deviner les développements futurs de cette affaire

La nouvelle de son arrestation allait atteindre Baq i Kawten. Le Conseil Souverain allait le destituer de son titre de commandeur. Ils allaient voter la guerre. Cette fois, ils allaient prendre leur temps. Ils n'allaient pas envoyer un détachement de mercenaire, non. L'armée de Baq i Kawten allait se déplacer.

Qunhae imagina le rire du roi quand il allait voir ces quelques milliers de Nains et de Gnomes. Il imagina l'incompréhension qui allait peindre ses traits quand il se fera écraser.

La nouvelle de son arrestation allait atteindre Soléandre. Là bas, son statut s'en verrait augmenter, puisque Lenmöth avait arrêté un plénipotentiaire de la cité ! Ce roi était vraiment incompréhensible. Il comptait la puissance d'une nation au nombre de ses soldats ! Quel seigneur marchand ferai ça !

Qunhae s'allongea sur sa paillasse. Quoi qu'il lui arrive, la seule certitude était que cette arrestation n'apporterai rien de bon au roi. Il était simplement triste pour Tom. Le gamin méritait une vie plus longue. L'ancien commandeur Gnome regrettait de l'avoir ammené. Mais dans ces temps troublés, il n'avait pas eu d'autre idée d'endroit sûr. Qunhae contempla l'enfant. Il allait probablement mourir dans ce cachot, avec le Gnome qui l'avait recueilli. Sa mort n'allait même pas sauver des vies, puisque la guerre sa ferai pour l'honneur de Baq i Kawten.

La Commanderie Marchande allait se battre pour l'honneur, comme n'importe quel ramassis de soudard ! Cela, plus que tout le reste mettait Qunhae en colère. A quoi jouait donc ce roi ?

Chapitre II- Prisonniers de Tyrius

Dans la salle du Trône Lënmoth discutait avec Liannara. Il l'informait que tout se passait comme prévu. Au final ce gnome se révèlerait utile. Le roi coupa la communication, et resta silencieux tout en fixant les particules de mana qui flottaient dans l'air.


Le Roi reprit sa véritable apparence. La même que celle du livre qui relatait la description de l'Impérium.

Pendant ce temps au niveau des deux cellules, les gardes jetèrent aux prisonniers leur petit déjeuner composé de miettes de poulet, et pomme de terres trop cuites. Une cruche d'eau à moitié croupie leur fut aussi donnée...

Cela faisait bien des jours que la détention du Commandeur avait commencé. Aucune nouvelle des marchands à qui on avez remis les termes de la rançon.

Un petit déjeuner leur fut apporté. Mieux que le précédent, sans aucun doute. Cela serait une lourde journée pour eux. Les gardes les menottèrent lourdement avec les autres prisonniers.

Une journée de travaux généraux s'annonçait. Sous le soleil brûlant, travailler sans relâche était le mot-clé.

Au moins deux cents gardes les accompagneraient.

Le groupe Gardes/Prisonniers partit pour les champs Ouest ainsi que pour rénover la forteresse d'Ebluvion.

Une cinquantaine de prisonniers servirait donc à aider les ouvriers pour la rénovation. Ces personnes ne seraient pas afectées à l'architecture. Elles serviraient juste comme main-d'oeuvre pour amener les pierres aux ouvriers.

Tirer les lourdes charges, crever de fatigue sous le soleil brûlant, allait être leur quotidien de cet après-midi.

Tom et Qunhae accompagnait de quatres autres prisonniers à la mine peu amicale furent affectés à l'équipe numéro 4. Cette troupe allait amener les charges vers la forteresse, sous un soleil qui montait actuellement au Zénith.

Ils travaillaient depuis des heures. La soif se faisait sentir en même temps que la faim. Le jeune Tom était exténué.
Les coups de fouet claquaient empêchant la moindre pause.

Puis ce fut le silence de mort comme si quelque chose n'allait pas.
Les gardes paraissaient nerveux. Les travaux avaient cessé.

Une mélodie jouée par des tambours,des instruments à percussion s'éleva de partout. L'Origine était plutôt difficile à déterminer.

La tension montait.Chaque vibration étaient perceptibles. Une voix d'homme mûr s'éleva, s'accordant parfaitement avec la mélodie.

"Arie-ytas entrïs oles doceas heavenlès mondaes,
Airas sombrès seedas ofas ëternais warïs.
Fary, beyundeos ofes saïlentis hollim arius
Lighta solum malessi
Sacrerams novim y fusionim marfone assimblïs
Chaos, Ombrès y Lighta. "

Puis le rythme s'accéléra, et un chœur de voix se fit entendre cette fois. En même temps une pluie de traits mortels pleuvaient sur les gardes et les prisonniers.

Ils venaient de partout Le gnome put apercevoir de temps à autre une capuche brune immergeait des arbres avant d'être à nouveau absorber par ceux-ci.

Des Rôdeurs elfes.

Les gardes couraient dans tous les sens, la plupart se réfugiant dans la forteresse.

Le jeune Tom et Qunhae furent soulevés prestement par une silhouette encapuchonnée, dont seul de longs cheveux d'argent s'échappaient. Ils furent emmenés pendant que les traits continuaient de clouer au sol les soldats de Tyrius.

On enleva les chaînes de Qunhae et Tom avant de leur mettre du lembas et une gourde d'eau dans les mains...

Lorsque les flèches avaient commencé à pleuvoir, Qunhae avait vu un espoir de se tirer de ce mauvais. Il s'était jeté sur Tom pour l'aider à se mettre à l'abri. Mais les elfes avaient été plus rapide, et il décida de se laisser emmener. Qui que soient ces gens, ils semblaient être les ennemis du Tyrius. Donc des alliés potentiels pour Qunhae.

Ils avaient chanté quelques chose. Ils utilisaient un dialecte que Qunhae ne connaissait pas. Les ressemblance avec la langue commune et quelques langues parlées dans le nord étaient cependant frappante, et Qunhae compris que le chant parlait de lutte entre la Lumière et les Ténèbres. De la lumière solitaire. Un chant de propagande, en quelque sorte.

Qunhae attendait d'en savoir plus pour porter un jugement sur ses nouveaux geôliers.


Quelques temps plus tard...

Une missive apportée par oiseau arriva au palais. Elle portait le sceau de la Commanderie.
Elle disait :


Du Conseil Souverain de Baq i Kawten au Roi Lenmöth de Tyrius, salut !

Vous avez exercé il y a quelques jours votre droit souverain d'expropriation sur vos terres, sur la personne de notre chef de comptoir et citoyen.
Nous vous rappelons que ces biens sont la propriété d'un autre état souverain, la commanderie marchande de Baq i Kawten. Le Sénat commodorial a jugé au regard de sa jurisprudence que nous ne pouvons pas vous contester le droit de disposer des biens qui se trouvent sur vos terres.
Toutefois, il a estimé que vous deviez vous conformer au droit de Baq i Kawten pour les procédures entourant cette expropriation. Ces procédures, dont vous trouverez une copie dans les minutes du jugement ci-joint, n'ayant pas été respectées, nous vous appliquerons les majorations prévues dans ce cas.

Le traitement que vous avez réservé à un plénipotentiaire de Baq i Kawten a été interprété comme un refus de nos lois.
Le Sénat, sur la demande du Conseil Souverain, a demandé la mise en œuvre des procédures d'exécutions forcées de la sentence.

Nous vous demandons de remettre la somme de 19 348 932,50 GVO au représentant que nous allons vous envoyer. Le cas échéant, notre représentant saisira la double de cette somme sur vos biens ou ceux de vos sujets, majoré des dépenses occasionnées par notre déplacement.

Nous vous rappelons également qu’en tant que citoyen de Baq i Kawten, le sieur Qunhae doit être jugé par le Sénat commodorial. Nous disposons des procédures permettant à une puissance étrangère de porter ses accusations devant cette institutions, et nous avons déjà déchu l’inculpé de ses titres afin qu’il puisse être traduit.

Nous vous saluons très humblement et nous vous souhaitons prospérité et richesses.

Que Panastrée veille sur vous !

Le rôdeur aux cheveux d'argent s'approcha des deux individus.

"Bonjour Maître Gnome. Il semblerait que vous me cherchiez."

La capuche fut baissée et les traits de Gabriel se dessinèrent face au visage stupéfiait du Gnome.

"Oh, je suis sûr que vous avez des requêtes et de nombreuses questions à me poser mais cela devra attendre. Nous ne sommes pas en sécurité ici."

Le groupe s'aventura dans une cachette aménagée avec des armes, des vivres et de quoi dormir. La table fut dressée. Le repas servi et le vin attendait , rougeoyant dans les verres...

Tyrius

Mënloth regardait la missive. Il l'a fit disparaitre dans une boule de feu.

"Mais quels imbéciles... Préparez-vous à recevoir nos Éminences de Bak I Kawten."

Qunhae appréciait pleinement l'ironie de la situation. Il avait traversé la moitié du monde à la poursuite d'un criminel, et il devait finalement la vie au dit criminel. Savoureux.

Désagréable aussi, car les coutumes de Baq i Kawten allaient l'obliger à payer sa dette envers cet ange, qui restait l'ennemi de son peuple. Par conséquent, par son sauvetage, Gabriel venait de ruiner la carrière de Qunhae.

Qunhae s'assura que Tom se rassasie à satiété. L'enfant avait trop souffert. Qunhae allait s'assurer qu'il soit rapidement renvoyé en Soléandre. Ou en Baq i Kawten.

La pemière surprise passée, il observait son hôte avec un visage sur lequel ne perçait aucune émotion. Il remerciait poliement pour les attentions que celui-ci lui prodiguait, mais évitait toute parole qui puisse l'engager, lui ou sa Commanderie.

Gabriel se délectait du vin. la viande aussi était succulente. le jeune Tom semblait manger à s'en faire exploser le ventre.

"Vous n'êtes pas d'une nature à parler cher Gnome. Je suis sûr que pourtant vous avez des questions... Ah oui, au fait, on compte vous déposer vers Edhilmar. Il paraît que votre armée y est actuellement. Comme cela vous pourrez rentrer avec les vôtres."

Qunhae faisait ce qu'il savait faire de mieux. Il réfléchissait.
Regagner Baq i Kawten ne l'intérressait pas. La commanderie n'avait pas besoin de lui, et tant qu'il conservait une obligation envers un ennemi potentiel, les Gnomes ne lui feraient pas confiance. Il devait trouver un moyen de faire coincider les intérêts de Baq i Kawten avec ceux de Gabriel. Ce qui impliquait de faire en sorte que Gabriel paye sa propre dette envers Soléandre, ou qu'il disparaisse.
Ce n'était pas gagné...

"Je doute que ces armées, qui ne sont plus les miennes, restent longtemps près d'Edhilmar. Il n'y a plus besoin d'elles là-bas, dit-il en prenant une demi tranche de viande, qu'il mangea très doucement, savourant chaque bouchée comme s'il était parmi une tablée d'aristocrates Soléandrins.

Si c'est cela votre route, je la suivrai, seigneur... Gabriel, n'est-ce pas ? Il semble que vous me connaissiez déjà.
Etant passé de chasseur à débiteur, je crains de ne plus guère avoir mon mot à dire sur ce que vous ferez de moi. Mais si je puis vous être d'une utilité quelconque, vous n'avez qu'à parler. Je verrai ce que je peux faire.

Gabriel se resservit du vin.

"Ne m'appelez pas Seigneur. Vous pouvez m'appeler Gabriel comme tout le monde.

Ma route se terminera bientôt. Une fois que je vous aurais envoyer en Baq I Kawten, je partirais pour un voyage. Nous ne resterons pas ici. Fäerun ne craint rien.
M'aidez, je ne crains pas que vous puissiez. Mais dites-moi plutôt ce qui vous amène en ces terres bien reculées de votre douillet Hôtel de Soléandre..."

Le Gnome pris un verre qu'il sirota doucement avant de répondre.

"Ce qui m'amène ici ? Je pensais que la moitié de ce monde sans Nom était au courant. Votre prestation au quartier des temples était aussi meurtrière qu'inutile. Cela justifiait un petit déplacement et une petite enquête, ne croyez vous pas ?

J'ajoute que la façon dont vous avez joué avec la vie de mon ami Lofăr et la puissance d'un dieu m'avaient... mis un petit peu hors de moi. Mais cela est passé maintenant. Mon ami est hors de danger, et vous aussi... quoique par des moyens dont je préfère ne rien savoir."

Gabriel fit la grimace. Evidemment, comment blamer le gnome qui ignorait la moitié des données?

"En ce qui concerne le quartier des temples, ce qui a été fait là-bas, était nécessaire. Cependant les effets ne se verront pas tout de suite. Pour votre ami, eh bien, il a accompli son devoir, je crois. En fait c'est ce qui fut à l'origine de tout le problème. Protéger le cardinal était une erreur sans aucun doute. Après bien sûr, il faut en assumer les conséquences.

Pour ce qui est de ma guérison, je dois dire que j'ai été soigné en échange d'une promesse. Ma Mère m'a demandé quelque chose. Ce n'est donc pas un hasard au final... je suis content d'apprendre que le prêtre s'en est tiré. C'était un bon adversaire.

Et qui est votre jeune ami? N'était-ce pas imprudent de l'emmener dans ces terres quelques peu inhospitalières ?"

Qunhae saisi une serviette pour s'essuyer les coins de la bouche. L'ange était exactement comme il l'avait imaginé. Imbu de lui même, alors qu'il ne savait rien de l'histoire de ce monde sans Nom, des forces qui l'agitent, en dehors de ce qu'on lui avait assené dans sa petite secte.
Il était fait du même bois que i Coivë.

Mais puisqu'ils étaient liés pour la suite, Qunhae allait faire avec. Avec des réserves toutefois.

"Je suis impardonnablement distrait. Gabriel, je vous présente Tom, Tom, voici Gabriel." Qunhae ne s'attarda pas sur les présentation. Le gamin était épuisé, il avait manqué les échanges précédents, et Qunhae l'envoya se coucher. Une minute après, il ronflait.

"L'emmener était une erreure, j'en conviens. Mais grâce à vos exploits pyrotechniques, il n'a plus de foyer. Le nom de Baq i Kawten n'est pas aussi respecté que je l'aurai pensé, et de nombreux innocents mourront à cause du geste de colère d'un seul Roi." Qunhae pensait aux armées qui se préparaient probablement en Baq i Kawten pour faire payer à Lenmöth ses insultes. Une expédition parfaitement ridicule, mais sans laquelle des millions de Gnome partout dans le monde se trouveraient à la merci de souverains cupides.

"Je ne désire pas marquer mon désacord avec quelqu'un auquel je dois probablement la vie, repris-t-il, aussi vous demanderais-je de ne plus proférer ces absurdités sur un dieu qui vous fait vivre, et dont vous ne savez rien. Eras n'est pas une maladie. C'est la lumière du soleil, qui fait grandir les plantes, le feu de la forge, qui crée les outils qui nous font vivre, le feu de la passion, qui nous pousse à aller de l'avant et nous préserve de la mort. Il est tout cela et bien davantage."Qunhae repris sa respiration. Lorsqu'il parlait de son dieu, il devenait emphatique. Il acheva :

"On l'accepte ou on le rejette. On n'en guérit jamais. Mais passons. Je n'en parlerai plus, vous n'en parlerez plus. Nous en resterons là." Pour le moment, songea Qunhae. Gabriel avait joué avec une force très ancienne. Qu'il le veuille ou non, il portait en lui une marque qui pouvait être une très grande force, ou une grande faiblesse. Cela ne dépendrait que de lui.

"Assumer les conséquences... C'est un vaste sujet que vous abordez là. Si vous êtes réellement prêt à cela, alors peut-être que mon jugement était erroné, et que je puis vous aider."

abriel avait écouté distraitement le discours de son hôte.

"Votre passion pour votre Dieu est louable. Je ne condamne pas l'Esprit Originel du Feu. La preuve, je m'en suis servi pour guérir mon aile. J'ai peut-être sous-estimé les conséquences de cet acte, mais comme vous le savez au moment j'étais au plus mal.

En ce qui me concerne, mon affection va à ma Mère. Qu'importe ce que fais Eras. Nous en sommes là. Elle m'a guérit et c'est ce qui compte. Que je suis malpoli. Ma Mère est la plus belle des elfes.La plus douce, la plus sage, la plus forte et comme vous l'avez vu je ne suis pas son seul enfant.
Ma Mère a bien des noms. Elle est l'Esprit Originel de la Nature. Vous la connaissez plus sous le nom d'Armélia.

Par contre vous vous trompez. Vous ne me devez pas la vie. Enfin pas à moi en tout cas. J'ai juste reçu un message d'une personne que je porte en estime qui me disait, que je devais récupérer le gnome imprudent qui déployait beaucoup de moyens pour mette sa main sur mon existence. mais qui en revanche allait en territoire ennemi, avec une imprudence déconcertante."

Gabriel se servit de la salade et un douzième morceau de bœuf.

"Baq i Kawten reste votre patrie. Pourquoi ne voudraient-ils pas de vous? Quand au respect de son nom, eh bien, désolé que vous ayez dû affronté cette réalité. Mais Lënmoth, de son vrai nom Mënloth ou encore "l'Unique", est un déchu. Il sert la "personne" qui est derrière le chaos actuel.
Soit vous étiez un bon pantin, soit vous deveniez gênant.

Baq I Kawten est encore un des bastions de la liberté, mais bon les Ténèbres recouvrent cette terre de plus en plus.
Pour Tom, il n'aura pas de foyer. Même les murs de Soléandre ne le protégeront pas. Le mieux c'est que vous l'emmeniez avec vous dans votre patrie.

Au pire on peut vous déposer non loin de votre Cité, si vous ne tenez pas à aller avec les Baquiens en Edhilmar"

Qunhae avait manqué la deuxième partie du discours de l'ange. Aux mots "esprit originel", il s'était redressé. Lorsque Gabriel s'était vanté d'avoir "guérit son aile", il s'était crispé, et lorsque l'ange avait persisté dans ses préjugés à l'égard d'Eras, sans tenir le moins du monde compte des explications qu'avait prodigué le Gnome, et avait en prime invoqué l'autorité d'Armélia sur ce débit d'horreurs, son esprit était parti.

Le fossé entre les deux êtres semblait trop grand pour pouvoir être comblé. Qunhae avait été un penseur, un auteur de la Voie Médiane, avant de devenir le politique qu'il était aujourd'hui. Il pensait avoir un esprit assez ouvert. Parmi tous les notables de Soléandre, il était le seul à avoir vraiment essayé de s'identifier à l'adversaire, à lui faire confiance, au mépris de sa propre vie.
Gabriel, lui, semblait être un guerrier. Sa vie devait l'avoir porté à l'action plus qu'à la reflexion, ce qui expliquait qu'il ne s'occupe des idées que dans ce qu'elles apportaient de concret.

Mais sa recherche de l'efficacité brutale l'avait ammené à un résultat inverse de celui qu'il escomptait. L'attaque de Soléandre, quelqu'est été le bénéfice qu'il en avait retiré, était un sacrilège. Et invoquer l'autorité de la douce Armélia là dessus, c'était à faire pleurer dans sa tombe Masélia de Vir, qui jamais n'avais touché une arme.

Qunhae se souvint de vieux écrits.

Avec une moue dégoutée, Qunhae regarda le prétendu "armeliandur" qu'il avait devant lui, et qui se vantait haut et fort d'avoir utilisé le feu d'Eras pour se soigner. D'avoir commis un "viol bestial des lois naturelles", sous sa forme la plus primaire.

A peu prêt partout dans le Monde sans Nom, on appelait cela un acte de magie noire.

Un serviteur d'Astaroth, qui sacrifie des vies pour son dieu, est moins ignoble, parce que la mort fait partie de ce Monde, et est nécéssaire à sa façon. Mais de quelque façon qu'on l'utilise, le feu ne rétabli pas les fractures. Ce qu'avait fait Gabriel, c'était plier un élément à sa volonté, pour une finalité anti-naturelle. Et égoïste en prime, puisqu'il reconnaissait n'avoir fait cela que pour sauver sa précieuse petite vie. Et il pensait avec cette explication attirer la sympathie d'un Gnome qui avait exposé la sienne pour le principe abstrait qu'était la Justice.
Mais plus que l'acte, c'était le ton désinvolte avec lequel Gabriel en parlait, qui était gênant. Tout le monde commet des erreurs, c'est dans l'ordre de la nature. Mais alors qu'il aurait dû se repentir, et tout faire pour réparer ses crimes, l'ange ne semblait rien regretter. Tous ses sacrilèges, il les avaient commis au nom d'un "plus grand bien", et il se sentait justifié.

A la différence de Gabriel, Qunhae avait côtoyé des adorateurs d'Armélia. Aucun ne croyait que la fin justifie les moyens. Le Gnome eut un sourire ironique en se disant qu'avec un peu de dégrossissage, il pourrait à la limite faire un bon prêtre d'Arbros. Mais il se repris, et se dit que le pragmatisme des Abrosiens avait des limites. Ils n'acceptaient ni le sacrilège, ni la magie noire.

A ce moment, ce fut le pragmatisme propre à Qunhae qui repris le dessus. Gabriel reniait devoir quoique ce soit à ceux qu'il avait attaqué. Il semblait penser que si c'était à refaire, il recommencerai. Il reniait aussi devoir quoique ce soit au dieu Eras dont il avait honteusement parasité l'énergie pour des fins contre-nature. Il ne cherchait même pas à connaître davantage la force qu'il avait sauvagement brutalisé.

A cet instant, Qunhae vit le parti qu'il pouvait tirer de la situation. On ne doit rien à quelqu'un qui n'a pas l'intention de payer ses propres dettes. Ce serai se mettre en faiblesse par rapport à lui. Aussi Qunhae avait-il un moyen très simple de se débarrasser de cette dette qu'il n'avait pas demandé. Il repris la conversation là où l'ange l'avait laissée :

Oui, je vous remercie, guidez moi vers Baq i Kawten, ce sera fort bien. Nous ne voulons pas abuser de votre hospitalité.

Puis, comme s'il l'idée venait de lui passer par la tête :

Pendant que j'y pense. Il faut que nous discutions de la façon dont vous aller régler votre dette envers le temple d'Eras, et plus important encore, envers Soléandre au travers de son dirigeant temporaire, le Cardinal Blanc.

Gabriel avait remarqué les émotions qui se succédaient sur le visage du gnome. Parfait. De l'indignation, de la colère, de l'incompréhension et même un regard calculateur...

"Bien alors en route. Pour rejoindre Baq I Kawten, il nous faudra trois jours au moins. Allez chercher Tom.
Quand à cette pseudo dette... je ne dois rien à personne. Sauf peut-être la vie à une déesse que vous êtes entrain de dénigrer en Soléandre, le chef-lieu du Panthéon et non le bastion d'Arbros. Surtout si le dirigeant de cet soi-disante Cité sacrée qui n'est plus l'ombre d'elle-même, est le Cardinal Blanc. C'est navrant de voir que cette citadelle qui devait être une cité-phare, se dégrade au fil des ères."

Gabriel jeta un regard dépité.

"Je vous donne dix minutes pour vous préparer. Le voyage va long. J'espère que vous savez vous battre..."

[quote name='Qunhae' date='samedi 05 décembre 2009 à 13h40' post='99009']
Durant toute sa réflexion, Qunhae avait eut soin de garder ses émotions pour lui. Bien sûr, il avait marqué de l'agacement au début, mais après, son visage n'avait réflété que la concentration, comme s'il n'avait fait que réfléchir au meilleur point de destination.
On ne fait pas carrière en Soléandre si on est incapable de cacher ses émotions dans les moments importants.

Qunhae commencait à détester cet ange. En plus d'être un irresponsable qui refusait de rendre à Eras ce qu'il lui avait volé, c'était un lâche qui avait cru que sa vie était en danger pendant la possession. Armélia ne lui avait pas sauvé la vie. Elle avait sauvé ses pouvoirs, son libre arbitre, mais pas sa vie.
Mais Qunhae détestait beaucoup de gens, ce qui ne l'empêchait pas de leur confier sa vie sans hésiter. Il recherchait en toute chose ce qui pouvait lui être utile. Si l'ange arrêtait de dénigrer ce qu'il ne connaissait pas, il pouvait être une excellente source d'information sur le conflit actuel. Il était un bon guerrier, et il devait être fidel à ses maîtres. Si Thorïn DoublePic avait été là, il aurai sans doute pu s'en faire un ami.

"- Savoir me battre ? Malheureusement, je suis un érudit en mission diplomatique, pas un guerrier. Soléandre la pourrie voulait discuter avant de taper, ajouta-t-il mentalement, ce qui n'est pas le cas de certains "nobles guerriers" qui n'ont pas subi les "dégradations" de la culture et de la science. Je pourrai tout vous apprendre sur le fonctionnement du Monde et les forces qui le traversent, mais sur le sujet guerrier, vous me surpasserez certainement les mains attachées dans le dos."

"Mais j'ai en revanche quelques connaissances sur notre trajet. Je pourrai trouver facilement trouver une petite escorte et un guide. Le comptoir de Jyyd n'est pas très loin."

Qunhae alla réveiller Tom, et rassembla quelques affaires. Peu de chose, car lorsque Gabriel les avait sauvés, il n'avait rien avec lui. Encore une chose dont il était redevable à l'ange.

Nous sommes prêts à partir, Gabriel. Nous vous suivons.
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Le groupe composé de Qunhae, Gabriel et Tom se mit en chemin alors que l'aurore transperçait de ses traits lumineux, le ciel.

L'ange avait préparé des provisions. De l'eau et de la nourriture qu'il avait rationné jusqu'au comptoir.
A peu près vers midi, le groupe s'arrêta pour faire une pause près d'une rivière.
Après une sieste ils se remirent en marche. Dans quelques heures ils auraient rejoint le comptoir de Jyyd.
Il fallait d'ailleurs car la nuit commençait à tomber.

Gabriel alluma trois torches et en passa une à Tom et une à Qunhae...

L'érudit prit lela tête de la troupe car c'est lui qui parlerait au comptoir marchand...

Peu avant d'arriver, Qunhae dit à son compagnon ailé.

"- Les marchands sont des gens discrets, je vais donc me présenter sous mon nom pour obtenir ce que nous voulons. En revanche, je n'ai plus d'autorité sur eux. Ils me feront des faveurs parce qu'ils m'aiment bien, mais ils n'iront pas à l'encontre des ordres directs. Et leurs ordres sont de vous arrêter."

"Je vous suggère donc de vous présenter comme un survivant de Drag'Or'Niak. Les derniers membres de cette race voyagent souvent le visage couvert pour cacher les écailles que leurs contacts avec les Draks ont laissés sur leur visage. Ils ont toujours eu des idées étranges, et ils sont rattachés au culte d'Armélia." La plupart d'entre eux étaient des elfes, autrefois", expliqua-t-il.

"-Pour votre nom, je pense qu'un nom elfique serai une bonne chose. Je pense à Annatar. Cela signifie le Dispensateur de Dons, en remerciement de ce que vous m'avez donné."

Gabriel accepta. Qunhae se présenta donc au comptoir. Ils furent bien acceuillis. Le chef de comptoir leur donna volontier des vivres, des armes et une dizaine d'hommes d'arme en escorte, et se chargea lui même d'envoyer les missives annoncant le retour de Qunhae en bonne santé.

Pendant que Qunhae s'occupait de ces tracasseries administratives, un Gnome s'inclina et emmena Gabriel dans la salle d'arme. Des épées finement ouvragées décoraient les murs aux cotés des armes les plus exotiques. Quelques alchimistes testaient différents métaux, et appliquaient différents produits et enchantements sur leurs dernières créations.

Le Gnome dit à l'ange :

"- Si vous désirez quelque chose, servez vous, seigneur Annatar, dit il en s'inclinant bien bas. Le nom de l'antique race des dragoons imposait le respect. Nous ne saurions rien vous refuser, à vous qui avez tiré notre commandeur de son mauvais pas."

"J'ai besoin de savoir si vous avez déjà chevauché un Griffon ? C'est beaucoup plus rapide qu'un cheval, mais ces bêtes sont assez indisciplinées, et il ne serai guère sage de les confier à quelqu'un sans expérience."

Gabriel nouvellement nommé Annatar, parcourait des yeux la salle. Comme dans certains marchés de Symphonia, Gabriel avait envie de tout essayer. Mais le temps manquait. Son regard se posa sur une paire de brassard en argent et mythril, gravées avec des licornes.

"Puis-je les prendre?"

Le gnome se tourna vers l'être encapuchoné.

"Oui. D'ailleurs vous avez de la chance c'est la dernière paire."

Annatar le remercia.

"Sinon pour le griffon, je n'ai jamais chevauché ce genre de monture..."